Il est communément admis que pour certains évènements extérieurs (viols, enfants battus, etc.), il est normal d’être traumatisé et de sombrer dans la dépression une fois devenu adulte et de travailler sur soi. Pour les personnes ayant d’autres parcours, c’est moins acceptable de se laisser aller de la sorte, rien ne justifie une dépression.
L’idée
Il n’est pas possible de corréler l’importance d’une blessure à l’évènement qui la cause. Un évènement peut apparaitre anodin à une personne, voire à la majorité de la population, et pourtant provoquer une blessure très importante à quelqu’un.
Tissia Louis-Coudre appelle ça notre vécu unique et singulier, c’est à dire que la réaction reptilienne est propre à chacun (la réaction de notre cerveau reptilien, cf http://inspira-ques-tions.fr/vocabulaire-divers/).
Exemples
Dans les mots pour le dire, Marie Cardinal raconte comment elle remonte jusqu’à l’évènement fondateur de son mal-être. Cet évènement pourrait être qualifié de mineur, il n’y a pas de violence physique ni morale, pas d’abandon ni de rejet, ni de trahison, etc. Et pourtant cela la mène un bon nombre d’années plus tard à un immense mal-être.
J’ai beaucoup travaillé sur moi et j’ai pu remonter à des moments fondateurs de tristesse ou de colère. J’ai toujours été frappée de constater que de l’extérieur, on aurait pu croire que ces moments étaient des moments heureux. J’avais, tout petit enfant, dans ces moments, ressenti une immense tristesse, un immense abandon, alors que la scène de l’extérieur était complètement anodine.
Je n’ai jamais compris le dénigrement des amours d’enfants. Un enfant n’est pas sensé ressentir une douleur immense pour un amour qui se termine, c’est comme ça! Et bien si, un enfant peut sincèrement aimer, bien sur!
A l’inverse, un évènement que de l’extérieur on pourra considérer comme forcément à l’origine d’une immense souffrance pourra glisser sur la personne, ou sembler glisser. Cela dépend entre autres :
- de la propension de chacun à ressentir tel ou tel type de blessure (moi je suis sensible aux blessures de rejet et d’abandon)
- du degré de résilience de la personne, du travail qu’elle a déjà fait sur elle
- de sa capacité à laisser vivre la blessure. Si on est pas encore capable de vivre les émotions, on peut sincèrement croire qu’on a pas été touché par tel évènement. Un moment en tout cas.