Bruno Clavier est psychanalyste et psychologue clinicien, il écrit qu’en psychanalyse transgénérationnelle,
« un fantôme » / fantôme transgénérationnel
- est « une structure psychique et émotionnelle parasite, issue de l’un ou de plusieurs de ses ancêtres, portée et agie inconsciemment par un descendant »
- est « la trace, dans l’inconscient d’un descendant, du secret inavouable d’un ou de plusieurs de ses ancêtres se manifestant dans des paroles et actes bizarres, dans des symptômes phobiques et obsessionnels, comme s’il était hanté par quelque chose appartenant aux générations qui l’avaient précédé » (Nicolas Abraham, psychanalyste et Maria Török, sa compagne)
- est « une structure psychique émotionnelle résultant d’un traumatisme (…) « expulsée» par l’ancêtre qui n’a pas pu la métaboliser, la dépasser, la transcender »
- provoque « la répétition de symptômes, de comportements aberrants, de schémas relationnels stériles provoquant pour certains des difficultés de vie de toutes sortes et des affections psychiques assez graves »
- une « répétition significative dans un arbre généalogique témoigne de la présence d’un « fantôme » ».
Il y aurait une notion de secret, de non-dit ancestral, notamment sur la sexualité et la mort, et une absence d’élaboration, de parole sur un événement vécu de manière traumatique.
« Elle peut être transmise de génération en génération sans faire de dégâts visibles jusqu’à ce qu’elle éclate sous la forme de phénomènes pathologiques incompréhensibles. Ainsi, le deuil impensable d’un parent qui a perdu son enfant peut être repris par l’un ou l’une de ses descendants et fréquemment, plusieurs générations après. La plupart du temps, le souvenir conscient du trauma ancestral s’est perdu, car la personne traumatisée, entrée dans un vide psychique, dans un état d’insensibilité, ne peut plus témoigner de la violence émotionnelle de ce qu’elle a subi. »
Bruno Clavier conseille donc 1) l’étude de l’arbre généalogique de façon exhaustive (noms, prénoms, dates de naissance, de mariage, de mort et de traumatismes des aïeux) « jusqu’à (…) sept générations antérieures« . Alors le « descendant peut métaboliser cette émotion résiduelle qui le parasite et qui n’appartient pas à son vécu ».
2) « un travail analytique ou de psychothérapie qui traite de sa propre enfance »
Sans cela,
« on s’aperçoit alors que ce qui résiste en nous est en fait ce qui ne nous appartient pas : tâche quasi impossible de guérir l’autre en soi sans même savoir qu’il s’agit d’un autre ! «
La « psychogénéalogie apporte un éclairage fondamental sur l’importance de l’histoire de nos ancêtres dans notre constitution psychique,
la psychanalyse transgénérationnelle rappelle la dimension inconsciente que nous partageons avec eux, et tente de comprendre comment ces ancêtres ont vécu leurs traumatismes, et en quoi leurs descendants sont tributaires de ce « comment » dans leur propre inconscient ».
J’ajoute une citation extraordinaire d’Aristote, évidemment très en lien, mais qui peut aussi vouloir dire d’autres choses :
« It is the mark of an educated mind to be able to entertain a thought without accepting it.« ― Aristote
Source : https://www.clavier-bruno.org/la-psychanalyse-transg%C3%A9n%C3%A9rationnelle/